À la manière d’un con
Moi, j’étais un drôle de galopin.
C’est moi qui jouais le mieux aux billes et si t’avais vu mes genoux… moi, ma mère disait que j’étais une terreur; je grimpais aux arbres et jouais les explorateurs.
Moi, au service militaire, tout le monde me connaissait : le roi de la débrouillardise ; ah, j’en ai fait des belotes et du trafic de cigarettes. Moi, j’étais imbattable et c’est même moi qui ai cassé la gueule à l’adjudant. Une vedette !
Et au rugby ? Moi, j’étais 3/4 centre ; ah, j’en ai mis des essais ! Ils me craignaient. Je te raconterai comment j’en ai séché un, le jour où on jouait contre le quinze de Trifouillis. Et les filles, elles me regardaient. Moi, je les avais toutes, les grandes et les belles et les copains m’enviaient ; mais moi, mes copains, c’était sacré, alors je plantais là les filles et je partais avec eux. Moi, les grandes mufflées, je sais ce que c’est. Et ça m’a pas empêché d’être sérieux, car moi je suis resté trente ans dans le même métier ; moi, j’étais le meilleur facteur et moi, mon chef, il me disait que j’étais incomparable parce que j’ai des idées.
C’est vrai ça, moi, je suis le roi de la bricole ; moi, je sais tout faire, et même aujourd’hui que c’est mon anniversaire, moi je suis plus jeune que les jeunes.
Pas vrai mémé ?
Moi, je ne comprends pas, elle n’écoute pas, elle dort toujours…