Petit Matin
Tout en longueur,
1 m 95 au moins ;
Mince, très mince, trop mince ;
Les doigts qui n’en finissent plus,
Longs, très longs, trop longs ;
Une voix grave, très grave ;
Une barbe qui accentue ton côté sérieux, si sérieux ;
Un ton docte.
Et puis, mon réveil au petit matin, à côté de toi.
Volets entrouverts, rais de lumière ; la Savoie que j’aime tant est là :
La montagne et ses fougères, l’odeur des sous-bois,
La transparence de l’air, les alpages, les fleurs des champs, les cloches, les vaches…
Je suis heureuse.
C’est l’aurore ; la journée sera belle ; un regard vers toi :
Comme un gisant, tu es sur le dos, si long, si droit, si maigre.
Et puis, dans le silence de ce petit matin sublime,
Tu as… pété !
Ce n’était rien et c’était tout.
J’ai imaginé le chemin parcouru :
Petite bulle d’air dans ta bouche, légère et charmante ; puis le long trajet dans des boyaux de toutes sortes, noirs et gluants, l’odeur nauséabonde, les reliefs des repas, le sphincter passé, les fesses ratatinées…
Et tout cela m’a dégoûtée si profondément, si intimement, que je me suis barrée !
Comment t’expliquer ?