Petit meurtre de rien du tout

 

 

 

 

 

 

Jeanne Sialelli

 

 

 

 

 

 

Petit meurtre de rien du tout

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pièce de théâtre en 4 actes

 

 

Un seul personnage Jeanne, la quarantaine, un peu décalée...

 

 

Acte 1

 

Le rideau s'ouvre, un coup de feu, Jeanne apparaît, complètement éberluée, on voit les pieds d'un homme couché à terre dépasser.

 

Jeanne ​​ un revolver à la main

Ah bien ça alors, comment ça marche ces machins là ? Je n'y crois pas, je l'ai eu du premier coup et lui qui disait que j'étais maladroite. Un coup, un seul coup et...pfuitt y'a plus personne. Il est là....mort...non mais ce n'est pas possible !  ​​​​ … et si, pas de doute ; mais quelle idée, non mais quelle idée a t-il eue de laisser traîner ce truc? Y'a que lui pour faire des conneries pareilles. C'est que ç'aurait pu être dangereux, des enfants ça ramassent tout, ils jouent aux gendarmes et aux voleurs, c'est bien connu. Heureusement, il n'y en a jamais chez nous ; les enfants nous, on n'aime pas ça.

Un désastre, on a quand même évité un désastre.

 

Elle tourne et vire

Non mais j'y crois pas ; non, j'y crois pas. Encore une de ses plaisanteries à la con et moi qui marche, comme toujours, pauvre idiote.

 

De loin

Allez, ne me la fais pas, pas drôle du tout ; les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures, t'as gagné, je me suis fait avoir. En aparté : Le crétin, oh la trouille ! j'ai une de ces soifs maintenant, la réaction !

 

Elle sort, en revenant un grand verre à la main,

C'est que j'ai du boulot, moi, fichue journée, j'ai promis à ta mère de passer, quelle corvée, non mais quelle corvée, pourquoi je me suis laissée embarquer là-dedans ? Trop gentille, vraiment trop gentille je suis, ça frise la bêtise car c'est moi qui lui ai dit que je viendrai l'aider. Elle ne me demandait rien. Trop fière !

Des confitures ? Elle ne peut pas acheter du Bonne Maman comme tout le monde ? Enfin, ce qui est dit est dit, j'y vais. Au public ​​ la confiture on s'en fiche, c'est le rapport avec leurs fils qui est le véritable problème, celui qui nous oppose aux belles-mères ; en fait, il faudrait une génération spontanée de maris. Déjà qu'ils sont difficiles à supporter mais en plus, là, juste derrière, elles te les manipulent, c'est rien de le dire.

Des petits garçons, ils restent des petits garçons qui attendent toujours bouche bée la bénédiction maternelle,

« Oui mon petit, écoute ta femme elle a raison » ça, c'était au début de notre mariage, c'était comme s'il demandait la permission ; la garce, qu'est-ce que je pouvais faire ou dire ? Mais ​​ bien ​​ vite elle a changé le refrain de la chanson : « Elle est gentille Jeanne mais... » et après le « mais » , croyez-moi il y 'avait à prendre et à laisser ! Enfin, et on y est maintenant, c'est la guerre ouverte « T'aurais jamais dû mon petit épouser une femme comme elle ; elle ne te comprend pas, ​​ elle te convient pas, il y aura toujours de la place pour toi à la maison » et là, écoutez bien, c'est le must, l'hypocrisie qui devient du grand art ​​ « Au cas où, et je ne le souhaite pas, ce deviendrait nécessaire »

 

Bon, j'y vais, t'as besoin de rien ? Soupe de poireaux ce soir, je m'arrêterai prendre un peu de jambon cru et de fromage, encore que le fromage, le soir, ce n'est pas recommandé, tous les régimes le disent ; tu te charges du pain ?

 

Elle prend son sac, se regarde dans la glace, range une ou deux choses et se dirige vers la chambre, elle voit les pieds, fronce les sourcils,

Ben non... pas possible...

 

Elle souffle... avance à petits pas...lui donne un petit coup de pied

Arrête, c'est plus drôle, ça ne me fait pas rire

 

Elle recule, s'avance à nouveau, recule

oh merdouille, de merdouille, de merde, manquait plus que ça ! Il me les aura toutes faites. ​​ C'est pourtant vrai qu'il est....

Qu'il est mort... incroyable : y'a 5 minutes, frais comme un gardon et là... faut que je me fasse à l'évidence plus mort que moi.

 

C'est que ça change tout. Bonne chose, solide argument, je ne vais pas voir l'autre, elle attendra.

Je suis quand même dans la.... Faut que je me sorte de là ; réfléchissons... Ce n'est pas le moment d'en rajouter, il faut prendre les bonnes décisions.

Elle s'assoit sur la banquette et a un petit hoquet

Ce hachis parmentier ! J'avais l'intuition qu'il ne passerait pas, eh bien j'ai eu raison. Ils mettent n'importe quoi dedans. Pas de doute, il n'y a rien de mieux et de meilleur que le fait maison.

 

Elle regarde dans sa direction

C'est toujours ce que j'tai... , elle se reprend, au public : c'est ce que je lui ai dit. Il ne m'a pas écoutée. Enfin maintenant, il s'en fout ; lui mais moi, ça gargouille là-dedans. Un oxyboldine et c'est fini.

Elle se lève, va prendre dans un tiroir un tube, en sort un comprimé qu'elle met dans le reste de son verre d'eau Une chance ce truc et bien sûr pas remboursé par la Sécurité Sociale. On se demande bien qui décide, croyez-moi, il y a collusion, les labos et les pharmaciens, ils s'entendent pour vous vendre à prix d'or leur marchandise qui n'arrive pas à la cheville de « ça » qu'est vieux comme le monde.

 

Bon, c'est pas tout, qu'est-ce que j'en fais ? Il me laisse dans une de ces panades ; c'est bien lui, se tirer quand ça sent le roussi. « Démerde-toi ma vieille »

Pas facile quand même. ​​ J'irais bien au commissariat si on ne s'était ​​ pas engueulé comme des chiffonniers hier soir, à tel point que les voisins sont montés, pile poil au moment où je disais « Si j'avais de quoi, je te la casserais ta gueule de merde, j'te l'éparpillerais en confettis. » ​​ Oui, je crois que j'ai dit ça ; un peu vulgaire j'en conviens mais pour les puristes : une citation, une vraie et drôle en plus de ça. Pur hasard, la 4 a passé les « Tontons flingueurs » jeudi dernier. J'ai bien aimé l'idée des confettis, ça fait fête.. mais revenons-en au commissariat. C'est qu'il n'est pas près et qu'on fait toujours la queue. En plus : ils me croiront, ils me croiront pas... je prends-là un sacré risque. La garde à vue, très peu pour moi, on ne sait jamais sur qui on tombe, c'est qu'il y en a des gentils mais il y a aussi des brutes. Dans les séries policières, ils font avouer n'importe quoi à n'importe qui. Et la prison ? Quitter son petit intérieur douillet...les rats, la mal bouffe et les autres, car l'enfer, c'est les autres. Les autres qu'on ne connaît pas, qu'on n'a pas choisi pour «  ami ». ​​ Exclu, c'est exclu.

La faute est quand même partagée ; qui c'est qu'a laissé traîner son revolver et chargé en plus ?

Qui dit... Qui dit qu'il n'avait pas une idée derrière la tête et que je pourrais bien, à cette heure, être roulée, toute seule, abandonnée, froide, dans le tapis. Ce serait alors de la légitime défense. Monsieur le commissaire, croyez-moi, c'est au nom du principe de précaution que … pan dans le 1000 !

​​ N'y pensons plus, ils ne sont pas futés et ne comprendront rien, il leur faut des faits, rien que des faits et là, je suis mal placée. ​​ 

C'est quand même une idée, une bonne idée mais... il faudrait ​​ alors être convaincante, trouver les mots, les bons mots ; ce n'est pas mon fort. Sur le moment, comme je suis timide, rien ne vient, on dirait un triton hors de l'eau, c'est après que je me dis « Jeanne t'aurais du dire ci et ça » mais c'est trop tard.

Tiens, l'autre jour, chez le docteur Roux, il a dit «41 ans, Madame Foissy, si vous voulez des enfants, il va falloir vous y mettre » . ​​ D'abord de quoi je me mêle ? Je n'ai pas répondu, alors il a continué sur les cycles et patati et patata. Y'en a eu pour un bon 1/4 d'heure car il a enchaîné sur les risques des grossesses tardives ; il manquerait plus que ça, un mongolito dans la famille. Et bien, c'est après, sur le chemin du retour, que je me suis dit que j'aurais pu échapper à tout cela. Il suffisait de 3 mots mais, pas une minute, j'ai pensé à lui dire que j'avais un stérilet et qu'en plus, par précaution, je prenais la pilule...

C'est vrai, je n'ai pas la répartie facile.

Bon, tout ça ne règle pas mon problème. Qu'est-ce que j'en fais ?

Ah ça pour m'en faire voir, il m'en aura fait voir. Pas une qu'il a loupée mais je m'en sortirai quand même, le tout est d'avoir un peu d'imagination.

Pas de panique, voyons les choses tranquillement. J'ai...J'ai 2 jours, 3 si je le laisse dans la chambre, fenêtre ouverte, c'est qu'il fait froid, surtout la nuit. Mais moi, où je vais dormir ? La banquette n'est pas confortable et si ne peux pas m'étirer, autant dire que je ne peux pas me reposer.

Tête froide il faut garder certes, mais bonne santé quand même et tout repose sur moi, comme d'habitude.

 

A lui

T'es vraiment pas sympa ! Jusqu'au dernier moment ! Jamais, non jamais tu ne penserais à moi, ne serait-ce qu'un instant ! Tu t'es vu ?

​​ 

Elle va vers lui le tire par les pieds, il est en partie sur scène. Elle se penche vers lui.

Une chance, on voit quasiment rien par là, juste un petit trou, ça se raccommode.

Suis-je bête ! Eh bien tu le garderas comme ça, ton veston. Les morts, on les met dans leurs habits du dimanche et ben toi, t'auras ton trou. En mettant la cravate dessus ? Non, ça n'arrange rien, du coup elle est de travers, c'est encore plus moche.

Bon, c'est un détail.

C'est quand même fort de café. Rien, pas de dommages collatéraux, ​​ et il est mort... c'est vraiment pas de chance à moins que, à moins que... elle le soulève légèrement et regarde dessous ​​  ​​​​ C'est bien ce que je pensais, tu ne fais rien à moitié, un désastre. Toute cette hémoglobine sur le tapis. Et c'est le tapis qu'on a rapporté de Téhéran, celui auquel je tenais comme à la prunelle de mes yeux.

Pire qu'un désastre, une conspiration contre moi, mon tapis, mon Dieu mon tapis...

 

Mon tapis ...et dire qu'il m'avait coûté un bras ! Une fortune ! Mon tapis...

A lui  ​​​​ Ah merci, t'as bien fait les choses.

 

​​ Bon ; ​​ il n'y en a qu'une qui peut nous sortir de là.

 

Elle va chercher son portable, compose un numéro, s'assied en regardant vers son mari.

Allo, Allo c'est toi Véro ? C'est bien toi ?

...

Bien sûr que je t'ai reconnue mais aujourd'hui j'ai la tête à l'envers et toi, ça va ?

Wouah ! Raconte, c'est trop drôle

….

Quoi ? Il a osé te dire ça ! Et qu'est-ce que t'as répondu ?

Bien envoyé ! T'es champion ! Il ne ramènera plus sa fraise ! C'est comme le mien, attends que je te raconte ...Véro l'interrompt

Ah bon, et combien ?

Pas cher, t'as raison ! Ça valait le coup, à propos de coup.... tu ne devineras jamais, tout à l'heure le coup est parti ...à nouveau Véro l'interrompt

….

Ce serait pas de refus d'autant plus que j'en ai besoin. En dentelles noires, une guêpière à ce prix, il faut sauter dessus mais...Ce serait dans 2 ou 3 jours, je ne dis pas, j'assortirai avec la petite robe noire, mais aujourd'hui, impossible, ​​ non je ne peux pas venir.  ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​​​ 

…........

Jeanne éclate de rire, pleure de rire, se reprend...

Arrête, arrête un peu et maintenant écoute-moi. C'est important et urgentissime. Est-ce que tu sais comment nettoyer des taches de sang sur un tapis ?

…..

Je te le dirai, promis, mais le plus important : tu sais ou tu ne sais pas ?

…..

Mais non pas n'importe quel tapis, sur MON tapis, le tapis que j'ai rapporté de Téhéran et qui m'a coûté la peau des fesses

En laine bien sûr

….

Ça c'est une bonne idée. Attends je me mets dessus.

Elle se précipite sur son ordinateur

Ça rame, ça rame, c'est exaspérant. On devrait pouvoir débrancher toutes les connasses qui racontent leur vie sur facebook quand il y a des priorités, des vraies, tu ne trouves pas ? Écoute, je t'abandonne, je n'ai pas trois mains, on se rappelle, tu m'as sortie d'un fichu merdier.

On entend Vero raccrocher

Attends, attends j'ai qq chose d'autre à te demander.. Que faire d'un cadav...?

 

Bien ma veine, elle a raccroché.

 

Au public Elle est vraiment super Véro, c'est plus qu'une copine, une véritable amie, toujours là pour me secourir. Le problème tapis est résolu, il reste l'autre. La solution, je l'ai ! Google l'amie de la veuve et de l'orphelin ! Je m'y mets et on n'en parle plus.

Elle se remet sur l'ordi

Voyons...comment se débarrasser, non ce n'est pas sympa, comment faire disparaître un corps ?

Pan dans le 1000, ​​ encore !!!

​​ Zut, je n'ai pas fini, il y en a des pages. C'est rassurant, je ne suis pas la seule ! J'imprime et on verra après.

Déjà que je n'aime pas lire, que j'ai loupé mon feuilleton ce matin et que pour mon tapis, c'est pas gagné ! La chance n'est vraiment pas avec moi aujourd'hui.

Allons-y ! Papier, les cartouches, ah oui les cartouches, c'est aussi d'actualité ! Je m'en passeais bien ! ​​ Je sélectionne et …. ce n'est pas vrai, je n'y crois pas, ​​ il y a vraiment des plaisantins partout Elle lit, Découpez le cadavre en morceaux. Si vous avez de la chance et que vous êtes en période de fête, emballez les morceaux dans des cadeaux, vous passerez alors inaperçu lors du transport. Allez au zoo le plus proche pour y jeter les morceaux de viande dans les enclos des animaux carnivores. Comme si je n'avais que ça à faire. On ne rit pas avec ces choses là, quand même. Bon, la suite ​​ Elle marmonne ​​ puis à voix distincte Je crois que j'ai trouvé « TOP 10 des astuces pour se débarrasser d'un corps », quel manque d'humanité ! J'imprime, je verrai après.

Continuons ouah c'est chaud là, ils n'y vont pas de main morte...comment faire disparaître un cadavre... C'est répugnant, « un cadavre », malsain, manque de sensibilité, je n'ouvre pas pour lire des horreurs qui risquent de me donner des cauchemars ; à d'autres.

Je continue, « De la persévérance ma fille » me disait ma grand-mère. Si elle me voyait elle serait vraiment fière de moi. D'autant plus, c'est un secret familial dont personne ne parle, jamais, un vrai secret : son mari....eh bien son mari ...Papy, un jour, il a bel et bien disparu. Vous voyez ce que je veux dire ! C'est ce jour là, j'avais 10 ans, peut-être un peu moins que j'ai appris un mot compliqué : occis ; verbe du 3em groupe, à l'infinitif occire. Je ne sais plus si c'est papa qui l'a dit à maman ou le contraire, comme quoi la mémoire peut jouer des tours mais le « Cette fois-ci, elle l'a bel et bien occis » j'en suis sûre !

Bon, ce n'est le moment de remuer le passé, ce qui est fait est fait, on ne revient pas la-dessus. Elle faisait drôlement bien les beignets aux pommes, Mamie ; pour le reste....Chacun fait bien ce qu'il veut. Non ?

Elle continue à chercher sur internet

Encore un plaisantin. Non, c'est peut-être utile « Comment se débarrasser d'un corps au pied ? » Qui peut le plus, peut le moins...à voir si c'est vrai dans l'autre sens..on peut toujours espérer ; j'imprime, ça peut toujours servir !

 

Elle écarquille les yeux et se tape sur les cuisses

Wouah ! J'ai trouvé, enfin presque, mais pour une surprise, c'est une surprise.....





Acte 2

 

Un énorme paper-board, des post-it, des flèches en étoile avec au bout desquelles les mots :

pH <7 (acide) ​​ -  ​​​​ homme à la mer - ​​ feu de camp ​​ - ​​ porcine ​​ - ​​ faut pas tout gâcher (récupération) ​​ - ​​ la souterraine ​​ - ​​ coucou mega surprise (???)  ​​​​ - ​​ la nostalgique ​​ - ​​ Gravity.

Certains mots sont déjà barrés, à côté d'autres des annotations.

Elle, dans le canapé, plein de papiers autour d'elle ; elle baille et s'étire

 

- Je n'en peux plus, jamais on m'y reprendra, mon Dieu quel boulot et pourquoi ? Pour un geste malheureux, pour rien, et voilà que surgit the big problem : comment le faire disparaître ? Le transformer en homme invisible !

Cette affaire là, c'est comme toujours, ​​ il faut avoir les moyens ou faire partie d'association. Ça s'appelle l'injustice sociale ; « Selon que vous serez puissant ou misérable » ouais, je sais, ​​ tout a été dit sur le sujet, ils ne m'ont pas attendue, toujours est-il que si j'avais fait partie de la mafia ? Facile, 2 ou 3 costauds l'auraient déjà attrapé, balancé dans le coffre d'une voiture et coulé dans béton.

C'est pas très sympa de finir comme ça mais c'est propre, efficace.

Toute seule ? Comment je vais faire toute seule ? L'artisanat ne paye pas, je prends tous les risques et rien ​​ dit que je vais y arriver.

Elle se lève, se dirige vers le tableau, prend un feutre

Je n'ai pas le choix reprenons. Sur ​​ les 10 solution proposées, combien en reste -t'il? 4  ​​​​ Les autres ? Ce sont soit des ​​ incompétents plutôt des plaisantins ou des rigolos qui les suggèrent, comme si le sujet était drôle... vraiment des tarés

Elle se tourne vers le public

Jugez plutôt ; Gravity : louer un engin spatial et le basculer dans la stratosphère... ​​ y'a vraiment des gens qui n'ont rien à faire. Celle-ci, c'est pas mieux..les cochons... le donner à bouffer à des cochons, il ne faut pas rêver, où je les trouve, moi, les cochons dans ma banlieue ? A partir du moment où une solution n'est pas adaptable à toutes les situations, quel intérêt, je vous le demande, mais quel intérêt ? - du temps perdu, rien de plus.

Le feu ? L'écologie est passée par là, interdit même de brûler ses feuilles dans son jardin. Alors un corps... La co-pro serait en révolution ...c'est pas du tout l'époque des barbecues ; les voisins débarqueraient, c'est sûr, curieux comme ils sont.

L'acide, j'y ai bien pensé, il reste toujours le même problème, où le trouver, combien de litres ; j'ai toujours été fâchée avec les chiffres ; les volumes, c'est pas mon truc alors s'il m'en reste des litres et des litres, qu'est-ce que j'en fais quand on sait que j'utilise moins d'une bouteille de destop par an. Et puis les émanations ? C'est que j'ai les bronches fragiles. Oublions !
Il ne reste pas grand chose ; j'ai déjà barré
l'homme à la mer, c'est fait.

Faut pas gâcher ? Le principe, c'est la récup. Ça aussi, ça sent l'écolo mais je n'ai pas de congelo assez grand et puis le manger, je ne trouve pas que ce soit très sain ; les 5 fruits et légumes par jour, c'est déjà une contrainte alors un régime carné à mon âge, steaks, pots au feu et tout le reste en non-stop pendant des mois, très peu pour moi. Se faire des meubles avec des tibias ou des abat-jour avec sa peau ? Regardez, il est douillet mon intérieur, plus besoin de rien et puis ...Je ne trouve pas que ce soit très moral ; des personnes mal intentionnées, et il y en a plus qu'on ne pense, pourraient dire que c'est pour ça que je l'ai tué, et ce n'est pas vrai, c'est pour rien, ce qui est ridicule je le sais, mais c'est un fait, c'est pour rien. Je n'ai pas fini de le dire.

Alors il reste ? Il reste quoi ? Ah oui, la souterraine...Eh bien non, encore sa faute à croire qu'il l'avait fait exprès : on est les seuls ou presque de tout le quartier à avoir fait faire à la cave une dalle ciment. Si j'avais su, il y a encore 2 non 3 ans, c'était de la terre battue, tout aurait pu être possible, encore que...je ne suis pas très costaud alors creuser un trou sans se faire d'ampoules, improbable non ? Et se faire aider ? Dans ce cas là, ce n'est quand même pas facile...

Réfléchissons...Monter une cloison et le glisser Entre les murs, j'aime bien, j'aime bien l'idée mais où ? That is the question...

Elle se ballade dans la pièce

Le mieux serait...le mieux serait...pas facile...c'est que l'appart est petit. Ma chambre ? Exclu, c'est que je veux garder un peu d'intimité et le savoir là, tout le temps, on n'est pas loin du voyeurisme, pas de ça Lisette. Debout ce serait mieux et là, juste entre le mur et la fenêtre, un peu derrière le double rideau, extra !

Un ? Deux ? Trois avantages : il ne prend pas beaucoup de place, il garde la maison, ça me rassure et près de la fenêtre, il ne s'ennuie pas.

Alors on y va ! Mais comment le faire tenir droit ?

Elle se recroqueville à nouveau dans le canapé, ferme les yeux et tout d'un coup en jaillit, se précipitant sur le paper-board

Bien sûr, j'y suis ! Que j'ai pu être bête, tout est là et j'étais aveugle. Par contre, il me faut l'adresse. ​​ Voyons voir, voyons voir.

Elle se jette sur son ordi, marmonne puis à voix claire

J'ai trouvé, ça courre pas les rues, ah voila, un qui fait du grand format, c'est bien mais ...zut, en banlieue ; ​​ RER et bus, la totale. Mais quand faut y aller, faut y aller.

Elle s'affaire, va chercher son manteau,

Quel jour on est ? Bon, on a la chance que ce soit ouvert, j'y cours. Pas le temps de faire les courses, ​​ la priorité, c'est lui...

Elle attrape son sac  ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​​​  ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​​​ 

 

 

3em acte

 

Jeanne entre, le jour tombe, elle allumer une lampe. Elle se jette sur le canapé, fait valdinguer dans la pièce ses chaussures, dévore un sanwich, se relève et se sert un whisky bien tassé

Je n'en peux plus.... Éreintée, je suis éreintée et lui qu'est là, à rien foutre ! Plus jamais, non plus jamais...Mais quelle journée... jamais, non jamais je n'aurais cru ça et puis, en prime, la malchance ; le coup de l'autobus, ah vraiment il n'y a pas de Bon dieu...je suis morte, archi-morte.

Elle se tourne vers lui

Si tu savais mon pauvre loup dans quelle galère je me suis fourrée. Et tout ça pour toi, une fois de plus. Ah elle était bonne l'idée de te mettre là, près de la fenêtre. Pour être bonne elle était bonne sauf que...il y a un sacré problème technique et pas des moindres, te faire tenir debout. Pourtant, tu aurais été si bien là, toi le chef, tu aurais continué à tout superviser, pour une fois silencieux et calme, ce qui m'arrangeait bien. T'emballe pas, mauvaise nouvelle, c'est apparemment très compliqué.

Au public

J'étais partie gagnante avec une idée de génie : le faire empailler. Il n'y a pas de quoi rire, une stature pareille, c'est du boulot et qui se le serait tapé ? Mezigue... sauf que...il m'a d'abord fallu trouver une société de taxidermie, c'est comme ça que ça s'appelle et la plus importante, du moins celle qui faisait le plus de pub dans les pages jaunes était à perpette les olivettes. 1H30 de trajet, métro, RER et pour couronner le tout un bus improbable qui s'arrêtait partout.

A lui

Pour toi, qu'est-ce que je ne ferais pas. Ok, c'est aussi un peu pour moi car t'avoir là, couché sur le tapis, mon tapis de Téhéran qui m'a coûté une vraie fortune, je déraille je crois l'avoir déjà dit, enfin bref, te voir par terre comme un chien ce n'est pas une situation durable donc direct dans l'aventure.

 

​​ J'y suis arrivée, fin de matinée, un gros, très gros entrepôt ; j'étais confiante, heureuse. Cela n'a pas duré longtemps, un type pas franchement sympa est venu en traînant les pieds

- C'est pourquoi ?

- Ben, pour empailler... J'allais pas dire qui quand même, ça ne le regardait pas, c'est pour le principe, on a droit à sa vie privée

Comme je ne répondais rien, il s'est amadoué

-Soyez pas triste ma petite dame, on s'attache à ses bêtes, après vous verrez il sera comme neuf. Vous l'avez apporté ?

Quel crétin, il voyait bien que je n'avais que mon sac à main, bon, c'est une grosse besace mais quand même.

A lui ​​ - Comment t'aurais-tu bien pu tenir dedans ? Ne rêvons pas

Au public ​​ - Il s'est alors un peu énervé de mon silence

- Allez voir la show-room, y'a de tout, je vous préviens on a beaucoup de boulot en ce moment, au moins un mois de délai quelque soit la bestiole

- C'est que je voudrais le faire moi-même

- ah c'est autre chose qu'il me dit, faut le matériel et l'armature appropriée

- L'armature ? Le matériel ?

- Eh oui, le principe est toujours le même, on retire tout, on récupère la peau que vous plaquez sur la structure et le tour est joué. Pour ce qui est du matériel …des scalpels, des pinces, et puis les yeux

- Les yeux ?

- Vous croyez pas qu'on remet les mêmes, enfin un peu de bon sens, pareil pour les moustaches

- Il n'en n'avait pas

- ​​ Allez voir là-bas, choisissez le modèle qui vous plaît et revenez vite. Pour une première fois, c'est compliqué, il y a un guide, très bien fait mais c'est 20 euros. ​​ Attention, on ferme de 12H30 à 14H, faut vous dépêcher un peu.

A lui

T'aurais ri, on se serait cru au Pont Neuf, des bestioles partout ; des chats, des chiens dans toutes les postures, il y en avait un les babines retroussées, on aurait cru qu'il allait mordre et il y a des gens pour acheter ça. Des souris, un perroquet, un serpent, t'y crois toi, un serpent.

En grand format ? Une biche ; t'as rien d'une biche...et puis, la trouvaille : un ours ! Cocagne ! un bel ours debout sur ses pattes de derrière et un air gentil mais gentil, on avait presque envie de le caresser. Tu parles si j'étais contente. Toi, là-dedans, t'aurais été superbe.

Coudes au corps pour être dans les temps, je suis partie à la recherche du type et si tu savais ce que j'ai vu. Un atelier, ça puait, une horreur, je ne te raconte pas ; des carcasses partout, j'ai fait quelques pas, impossible d'aller plus loin, sensible comme je suis, je n'ai plus bougé et suis restée quasiment collée au mur. Tout le long des murs, des présentoirs en verre avec, c'est inracontable, des yeux de toutes les formes, de toutes les couleurs et puis..des cils... des poils, des griffes, des... enfin de tout. Te glisser dans l'ours, passe encore mais choisir tes yeux, ton bout de langue...tout... car plus rien n'est d'origine ; ​​ cerise sur le gâteau, tout est fait « made in China » c'est ça le scandale. D'après ce que j'ai compris, il n'y a que la peau qu'on conserve. ​​ Autre difficulté et pas des moindres, qu'est-ce qu'on fait de...de l'intérieur ??? Ce doit être répugnant mais à la guerre comme à la guerre, j'ai tenu bon

​​  Je voudrais l'ours. Combien coûte t-il ?

Je ne me rappelle plus, c'était une fortune. ​​ J'aurais bien discuté, demandé un article en solde ou même accepté une ou deux imperfections pour obtenir une bonne réduction. La fourrure un peu élimée ici ou là et hop,20% d'un coup, ç'aurait été top. Tu penses bien avec les vacances dans deux mois, faut que je serre le budget mais scoumoune de scoumoune il n'en avait plus, même en stock. Alors je me suis dit, un peu plus petit ce sera moins cher, j'ai pensé à un kangourou, ç'aurait été original. Nib, pas de kangourou en magasin. Style mammifère, ça se complique, et te voir à quatre pattes, en bélier ou même en tigre ou lion non, je crois qu'à long terme ça ne m'aurait pas plu. Et puis il y avait le problème de place, 4 pattes, c'est pas pareil que debout, y'a pas photo. Le type commençait à me regarder de travers, on se demande bien pourquoi. Ah le service n'est plus le même, le commerce de proximité s'étonne de perdre des parts de marché au profit de la vente en ligne, ça n'a rien d'étonnant.

Enfin, j'ai craqué, pour toi qu'est-ce que je ne ferais pas, j'ai vraiment insisté c'était l'ours que je voulais, entier, debout. Top là, qu'il me cède celui qui était là, dans le devanture, avec une petite réduc quand même et je l'embarquais illico. ​​ Et même que ​​ pour m'être agréable, il serait bien gentil de me trouver un système pour l'ouvrir et le fermer, comme une grande fermeture éclair dans le dos ; c'est le mieux pour t'y glisser, tu es d'accord ? et en un tour de main le problème était enfin résolu ; il n'a rien compris, ça se voyait, on aurait cru un triton hors de l'eau ; plus formel et intransigeant que lui il ne faut pas chercher ; il a tout refusé et de me vendre le modèle en exposition et même de m'aider plus avant dans ma recherche. Midi et demie, il ne pensait plus qu'à sa pose déjeuner et m'a carrément fichue dehors.

Quel coup pour le moral ; affreux. Qu'allais-je faire de toi ? Bredouille, j'ai repris l'autobus. Tu m'imagines, rien dans le ventre, déçue, ​​ je regardais par la fenêtre sans rien voir à vrai dire. Ces zones industrielles sont d'un sinistre. C'est alors que, miracle de la vie, une affiche, de celles que je déteste, qui dénaturent toutes les zones peri-urbaines, me saute à la figure. Un signe du ciel,  « Eros center », « poupées gonflables... » Le temps que l'info me parvienne au cerveau, que je tilte, que j'accepte l'idée que « poupée » ne veut pas dire forcément « femelle » mais qu'il peut y avoir des poupées « mâles », l'autobus avançait, avançait...je me suis jetée sur le bouton demande d'arrêt à la prochaine station sans savoir du tout où j'étais et me suis retrouvée éberluée sur un trottoir, au bord d'une route où les camions et voitures semblaient jouer au 1er qui arrive a gagné. Des usines, des entrepôts, personne, pas l'ombre d'un petit boulanger ni même d'un arabe ouvert. Je me suis assise sur un petit muret, la situation était grave mais pas désespérée. Il me fallait retrouver l'affiche donc revenir en arrière, noter l'adresse et m'y rendre. Quoi de plus facile ? Il me suffisait de prendre l'autobus en sens inverse sauf que...sauf que d'où j'étais, j'avais beau regardé à droite et à gauche, pas l'ombre d'un arrêt de bus de l'autre côté. Pas de panique me suis-je dit, d'autant plus qu'un piéton, un homme, peut-être perdu comme moi, s'avançait vers moi. Charmant, tout à fait mon genre mais était-ce le moment de batifoler, non bien sûr ! Efficace et pressé. Il a sorti sa tablette, tapé je ne sais quoi ​​ et miracle de la technologie

-L'arrêt de plus proche du 287, dans l'autre sens, est de l'autre côté du cimetière. Voyez le plan...

-Un plan ? Tu sais mon amour des plans  ​​ ​​ ​​​​ -Montrez moi plutôt

-De l'autre côté, vous voyez ce grand mur, c'est le cimetière de ….j'ai oublié le nom, vous le contournez par là et vous y êtes ou mieux, vous le traversez en diagonale pour gagner du temps. Ce doit être à 5/10 minutes, pas plus.

S'il n'y avait pas eu urgence, j'aurais reporté à plus tard mais combien de temps je peux te garder là ? Ça m'obsède, d'autant plus que tant que tu es roulé dans mon tapis ; mon beau tapis de Téhéran, payé et payé cher, eh bien, je ne peux pas le nettoyer et les tâches de sang... chocolat, œuf et sang l'horreur de la ménagère. Alors me voilà partie et traversant de part en part ce cimetière sauf qu'il y avait pas deux parts ! Une entrée et pas de sortie, tu y crois toi ? Jamais vu ça. Une ½ heure, j'ai tourné, viré, pour revenir au point de départ ; j'en ai pleuré de rage ce qui n'a ému personne car les quelques clampins que j'ai pu croiser avaient tous la mine de circonstance et que mes larmes ne les ont pas une seule minute apitoyés. Leur demander à eux où était l’Éros Center, je n'ai pas osé, un peu de respect pour la douleur d'autrui, c'est le minimum. Alors je continuais à pleurer d'énervement, il y a de quoi, tu es d'accord ? de mal de pieds, de faim. Quelle injustice, le sort s'acharnait contre moi mais je suis butée, ça aussi tu le sais et j'ai tenu bon. Je te passe la suite, j'ai du aller jusqu'au ….

La lumière s'éteint. Noir absolu

 

 

4em acte

 

Dans le noir

Oh merde une panne, qu'est-ce qui a sauté ? Peut-être que ​​ je n'aurais pas dû ouvrir en même temps la porte du frigo et du congelo pour qu'il fasse plus froid ici. Ce doit être un problème de puissance électrique. Comment savoir ? C'est bien la première fois que j'ai un cadavre dans mon salon et en plus, celui de mon mari. ​​ C'était lui le «Mac Gyver », à la maison,pas moi, ça se saurait... Que faire ?

Où peut-il bien y avoir une lampe de poche? un temps mort ​​ Ah oui, oui je sais, le tiroir de .... ​​ Attention il faut que je fasse attention, il est en travers, je vais me casser la binette. Toujours là quand il ne faut pas.

A tous les coups, je vais me prendre les pieds dans le tapis, mon tapis, celui qui....

Bruit de qq'un qui tombe

Ouille, ouille ma cheville. Et en plus je lui tombais dessus, rien ne me sera épargné aujourd'hui ; j'ai la guigne, demain est un autre....

La lumière se rétablit, elle n'est pas sur scène . On l'entend

Je suis fortiche quand même, premier essai : un coup de maître. Faut que je me rappelle, c'est le truc rouge qu'il faut remonter quand tout disjoncte. En attendant, je remets en route le congélo ; quand même je ne suis pas chanceuse aujourd'hui, ​​ en un peu plus grand, j'aurais pu le mettre dedans en attendant des jours meilleurs.

Le téléphone sonne, elle regarde qui c'est

-Vero c'est toi ? Ca me fait du bien de t'entendre, je n'en peux plus, si tu savais....

…..

- Quoi ? Le tapis ?

…..

- Ah oui, je n'ai pas encore essayé, pas eu le temps mais je ne me fais pas d'illusion, je ne le rattraperai pas et si je dois l'envoyer au pressing, c'est la ruine ; déjà qu'il m'avait coûté une fortune

…..

- Je ne te l'ai pas dit ? Un coup, un seul coup, malheureux, et j'ai tapé dans le 1000, t'y crois, toi ?

…..

- Comment ça tu n'y comprends rien ? Il est là, mort, archi mort mais le plus étonnant voire le plus drôle c'est ce que j'ai fait cet aprem, figure-toi que je suis allée dans un Éros center et tu ne me croiras jamais, j'ai vu de ces trucs, à tomber par terre. Que je te raconte... Si ça coupe, t'inquiète pas, je n'ai pas été là de la journée alors avec tous ces incidents j'ai plein de trucs à faire alors je bouge

Elle range, met ses pantoufles, boit un verre d'eau, commence à se déshabiller tout en gardant son portable coincé contre l'oreille

En fait je voulais voir les poupées gonflables et s'il n'y avait pas moyen de...

…..

- Si tu m'interromps tout le temps, on en a pour la nuit. Assieds-toi et écoute-moi, tu comprendras.

Entrer dans ce genre d'endroit n'est pas facile mais j'étais épuisée, je n'avais pas traversé le cimetière de fond en comble pour abandonner la partie

…..

-Tu recommences ! Quand c'est pas toi qui parles, t'es vraiment pas au truc. On s'en fout du nom du cimetière. Je continue. J'entre, une atmosphère de discothèque, musique, ploum, ploum, ploum de la techno, j'ai horreur et des mecs partout qui te regardent d'un drôle d'air. ​​ Quelques femmes, plutôt mauvais genre ou bien un rien apeurées, accrochées à leur bonhomme, quelques-unes riaient en montrant les menottes, les fouets, les cravaches mais tu sentais que c'était du forcé. Je te fais ça dans le désordre. J'ai déjà oublié un truc rigolo : à l'entrée, enfin pas loin, des kilomètres de vibros, godes, petits canards et autres de toutes tailles, de toutes couleurs ! Des bites tellement grosses que je crois que c'est vraiment impossible de...  ​​​​ des avec double voire triple...., enfin bref tu me comprends. Finalement ça te retire presque tes envies si tant est que tu en aies. Moi, j'avais d'autres soucis, à cause de lui et je n'avais ni tête ni le reste à ça. ​​ Je continue. Partout des mannequins avec des tenues...écoute, c'est pas compliqué : là où en général, pour nous, il y a un peu de tissu, eh bien là-bas il n'y en a pas ! Et ça tient ! Les soutien-gorges avec le téton de sortie, les bas ne sont pas à résilles, ils sont tellement ajourés qu'on croirait du grillage, c'est la couture à l'arrière qui doit tout retenir, porte-jarretelles en veux-tu, en voilà, cuir, latex à volonté ; les godasses, c'est pas mal non plus, jamais de ma vie je n'ai vu des escarpins si hauts, des couleurs flashies ! inconcevable ! Si tu veux, on ira toutes les deux un jour, c'est à voir.

Attends, j'ai besoin de mes deux mains, je te reprends.

Voila, c'est fait. Je te raconterai la suite demain, je n'en peux plus mais pour notre affaire : oui il y a bien des poupées gonflables « hommes » mais elles font 70 cms de haut! Des horreurs, genre pygmées avec des trucs monstrueux pour,....pour leur taille . Si tu veux plus grand, modèle américain, c'est 1m50, ​​ et comment je fais moi, il manque encore 30 cms, ​​ s'il faut que je le découpe, je ne me sens pas d'autant plus, il faut le dire, que le yankee il fait 1500 dollars alors que nos minus en font 70 …  ​​​​ Retour à la case départ. Ç’aurait été marrant quand même, je ne peux pas m'empêcher de rire, tu le vois, lui, avec un engin de 30 cms  pour l'éternité!!! Je vais me coucher et rêver ! Dors bien toi aussi ma gazelle, je te rappelle demain, tout espoir n'est pas perdu, j'ai une autre piste.

Elle se déshabille et enfile une chemise de nuit

 

A lui

-Toi, tu vas mal finir, je te le dis, je fais tout ce que je peux et pour quelle gratification, je te le demande. Tu verras ce que tu verras. De la patience, j'en ai, mais faut pas attiger.

Elle se couche sur la banquette, la lumière baisse de plus en plus, elle se recouvre d'un plaid, ​​ on l'entend marmonner Darty, grand modèle.... ils livrent; le faire cuire...four ou cocotte ?.... hachis parmentier ?.... confettis.... immolation...requins...petits morceaux...cannibales...

 

Nuit noire et tout d'un coup, la sonnerie d'un réveil, elle se réveille brutalement. Lumières Il a disparu. Elle s'étire

Clin d’œil au public

- Bien sûr que c'est un rêve mais ...gaffe, ce pourrait bien devenir une réalité. Je sais déjà où est la difficulté et ce qu'il ne faut pas faire... et si quelqu'un dans cette salle a d'autres idées, qu'il m'en fasse part discrètement, je lui en serais éternellement reconnaissante.

 

 

Jeanne Sialelli  ​​ ​​ ​​ ​​​​ laviesenvole@sfr.fr  ​​ ​​ ​​​​ 06 09 37 22 76